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Portrait 13/04/2018 - 10h10 par Raphaëlle Jouannic

Eva Edelstein : une tatoueuse avec des convictions

Seulement deux ans après sa création, le salon de tatouages Désolée Papa connaît un fort succès auprès des jeunes femmes. Nous sommes allées rencontrer sa fondatrice Eva Edelstein pour mieux comprendre !

Désolée Papa, les clients des graphistes sont chiants !

Avant de créer son salon le 28 Juin 2016, Eva a suivi un master 2 en direction artistique qu’elle n’a pas du tout aimé. Il y a une forte pression dans le graphisme ; la directrice artistique s’adresse à une agence ou une personne qui elle s’adresse à un grand public. Il faut absolument que ça plaise à la majorité. Par rapport à ce domaine, le tatouage n’est finalement pas si éloigné. C’est le même métier : faire une création visuelle, mais cette création ne doit plaire qu’au client lui-même. La liberté artistique est plus grande et les rencontres sont plus humaines. Eva appréciait déjà beaucoup le tatouage après avoir fait son premier à 18 ans mais ne l'avait jamais envisagé comme carrière. Elevée dans une famille de médecins, celle-ci est assez classique et ses parents détestaient ce milieu. D’où le nom du salon !

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“Mais vu que c’était interdit j’ai tenté le coup, j’ai fais un apprentissage chez un tatoueur”

Alors, pourquoi Désolée Papa est si particulier ?

“Malgré que mes tatouages sont un peu voyant, je suis très girly, finalement tu peux aimer les deux !”

Pendant son apprentissage, Eva ne s’est pas retrouvée. Elle adorait tatouer mais l’ambiance hard métal ne lui convenait absolument pas. Elle a donc cherché un post dans un salon plus doux mais n’a trouvé aucun lieu. La suite est logique : elle en a créé un.

“Un salon où tu te sens bien et où tu peux boire du thé.”

Pour la petite histoire, c’est lors d’une expérience avec une de ses amies très BCBG que ce projet s’est mis en place. “J’ai une très bonne amie que j’ai tatoué un peu à l’arrache à la maison. Je ne l’ai pas très bien fait donc pour son anniversaire je lui ai dis “Aller je te paie un tatoueur pour que ton tatouage soit clean”. Quand elle est ressortie du salon elle était très contente de son tatouage mais n’avait pas passé un bon moment. Elle ne s’était pas sentie à l’aise, elle n’était pas dans son élément”. La clientèle de Désolée Papa est aujourd’hui composée à 95% de filles étudiantes et designers, pas du tout d’ex-taulards ! C’est une partie des personnes qui étaient mis jusque là de côté.

Est-ce que ça fait peur de se lancer ?

“J’avais 30 ans, je me suis dis, si je ne fais pas maintenant je ne le ferais jamais.

Qui ne tente rien n’a rien.”

Déjà en freelance en tant que directrice artistique, se lancer n’a pas fait peur à Eva. C’est avoir un loyer sur le dos qui l’a été davantage. Son grand-père lui avait cependant légué de quoi monter une entreprise. “Il voulait que je crée quelque chose” confie t-elle. La jeune artiste avait donc tout de même une certaine assurance derrière le projet.

Et sa façon de penser ?

Qu’est-ce que tu penses de tout ce mouvement autour de l’affaire Weinstein, #Metoo et #balancetonporc ?

“Les femme se réveillent un peu tard, on a attendu. Moi je me suis fait agresser dans une ancienne boutique et les gens n’ont pas été plus choqués que ça. Ca m’a fait rire que les gens aient attendu Insta et Twitter pour l’être. Il y a eu trop de buzz. Les gens n’arrivent pas à faire quelque chose en demi-mesure sur le long terme. Il faut l'avouer, quand tu te fais jolie c’est pour qu’on te regarde !”

Est-ce que cette affirmation de la femme a eu un impact dans le secteur du tatouage ?

“J’ai l’impression que les femmes se tatouent plus que les hommes. Elles se tatouent des pièces plus petites, plus subtiles mais plus transgressives. Il y a une libération flagrante de la femme. Elle fait des choses de plus en plus audacieuse.”

Scientifiquement, le tatouage est une scarification, qu’en penses-tu ?

“Je pense que ça dépend du degré du tatouage. C’est une modification corporelle, maintenant je trouve qu’il y a un fossé entre une jeune femme qui se fait une rose sur le bras et des gens qui expérimentent. La différence se fait par la quantité d’encre sous la peau. Passé un certain stade, on est pas loin de la mentalité de la scarification esthétique.”

Est-ce qu’il y a des personnes qui se tatouent pour suivre la tendance ?

“Bien sûr. Elles arrivent et disent “j’ai vu ça, je veux le même”. Je leur dis non. On ne reproduit jamais deux fois le même tatouage.”

Ah ! Tu as déjà refusé de faire un tatouage ?

“Oui. Dès que j’estime qu’il est vulgaire ou nuisible pour la personne. Dans un ancien salon où je travaillais, j’ai refusé de faire un tatouage raciste. J’ai ensuite quitté ce salon parce que le directeur s’en fichait ! Il y a aussi des tatoueurs qui sont très jeunes donc ils se rendent pas compte.”

As-tu été marquée par une cliente ou un tatouage en particulier ?

“Toute un peu. Tu retiens parce que tu passes un bon moment. C’est plutôt fréquent d’être touché par une signification. Si tu t’intéresses pas aux gens, ne fais pas ce métier. Ton tatouage sera forcément raté. Il ne faut pas non plus trop s’impliquer parce que ce n’est plus gérable. Parfois il y a des gens qui pleurent ! C’est souvent pour une signification qui a un rapport avec un décès. Mais quand il est trop récent je refuse. Le tatouage n’est pas le deuil, il marque la fin du deuil. Passe le cap et tu seras prêt.”

Tu t’es déjà raté ?

“J’ai fais une faute d’orthographe une fois… Mais j’ai réussi à rattraper !”

Et enfin, tes objectifs futurs ?

“J’ouvre un deuxième salon ! Je ne peux pas encore vous dire où mais ça va être marrant ! Et je pars tatouer à Miami. J’aimerais aussi accueillir encore plus de guests au salon.”

Désolée Papa

Tattoo Studio & Concept Store

4 Rue Bernard Palissy, 75006 Paris

 

Salon de tatouage girly et friendly !

Créé pour que les personnes qui se sentent à l’aise dans un salon de tatouage où on n’écoute pas du hard rock à fond toute la journée.

7 tatoueurs, chacun un style différent, tous talentueux.

  • Instagram - Black Circle

Eva Edelstein

Fondatrice du salon

  • Instagram - Black Circle

Son idole : Lady Gaga

Son style : La typographie

Ses inspis : minimalisme, douceur, fleurs.

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