top of page

Inspi 13/04/2018 - 11h38 par Andreas Verner

Science et société, un mariage fatigué

Dans nos sociétés, la science est devenu un faire-valoir sociétal qui est instrumentalisé au rythme des différentes interventions politiques. Quel est le rôle que devrait idéalement occuper la science ?

Un problème de vocabulaire

Il y a une confusion profonde et de plus en plus présente entre la science et la science-fiction. Parier sur une innovation future est une aberration intellectuelle du plus haut ordre. En réalité, la science avance comme toujours, à son rythme, et non à celui d’un quelconque pouvoir. La science devrait servir de contre pouvoir face aux délires de la société. Le rôle des scientifiques est de tirer l’alarme lorsque trop de gens confondent science et fiction.

Ces remarques sont particulièrement vraies dans le secteur de l'énergie, où le décalage est total entre les idées reçues et la réalité empirique. Cela pour plusieurs raisons. Tout d’abord, un problème immense de sémantique. Les mots que nous utilisons pour décrire le sujet sont en fait très peu adaptés, nous décrivons une réalité bancale qui peut amener à de nombreuses formes de dérives intellectuelles.

Le délire énergétique

Un bon exemple est la consommation d’énergie. Nous ne consommons pas d’énergie et nous n’en créons pas, contrairement à ce que le discours publique voudrait nous faire entendre. Ces deux impossibilités sont régies par la même loi, celle de conservation de l’énergie énoncée par Newton. Dans un système donné comme un trajet en voiture, la quantité d’énergie présente dans le système est toujours la même : la voiture a de l’énergie concentrée sous forme chimique, l’essence, et va progressivement disperser cette énergie sur la route en plusieurs formes d'énergie.

La route est réchauffée, l'atmosphère aussi, la lumière est dispersée par les phares etc. Ce système conserve son énergie, comme tous les systèmes. Donc nous savons pertinemment depuis l’aube des sciences qu’il est impossible de créer ou de détruire de l'énergie, c’est simplement notre langage qui nous fait défaut ici.

De tristes conséquences

Or beaucoup de scientifiques se retrouvent victimes du discours public sans se rendre compte de son irrationalité et placent des attentes trop hautes pour l’avenir. Parier sur la possibilité d’une avancée technologique majeure pour nous sortir de nos travers n’est rien d’autre qu’un pari risqué, puisqu’il nous pousse à procrastiner en pensant que la solution à tous les maux va tomber du ciel. On tombe dans un rapport à la science qui s’approche du rapport aux religions, on y croit. Or il n’y a pas de place pour la croyance dans la science, mais pour des démonstrations empiriques. Comme aime le répéter Etienne Klein, président du Conseil aux Énergies Alternatives : “Le problème quand on traite nos connaissances scientifiques commes des croyances, c’est qu’il devient difficile d’argumenter contre un religieux lors d’un débat.”

Les objectifs fixés par le gouvernement sont certes louables, mais loin d'être suffisants. A nous maintenant de les dépasser. Nous devons donc nous ressaisir en tant que société et commencer à amener un maximum de solutions pour le futur avec ce que l’on connaît déjà, et surtout ne pas nous en remettre à la science pour découvrir une solution à tous nos problèmes. Ces solutions sont présentes, elles nous attendent, il faut seulement les exploiter.

bottom of page