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Pop Corn 13/04/2018 - 11h32 par Christelle LIN

L'échec des séries françaises

Là où le film attire de moins en moins de monde, les séries s'emparent de notre petit écran et se développent à vitesse grand V. La première série télévisée a été créée dans les années 1950 aux États-Unis. Les années 1980 voient l’arrivée de nouveaux genres: les feuilletons, les telenovelas et autres sitcoms débarquent. Le succès est immédiat.

Des débuts prometteurs

En France, il est un domaine où notre pays pourrait briller, grâce à sa culture et à sa créativité, c’est celui des séries TV, qui sont une industrie à la fois rentable, populaire et exportable. Peu à peu, un public de plus en plus averti abandonne le cinéma – trop cher, trop manichéen, trop communautarisé – pour les séries, qui vont plus loin dans le scénario, le réalisme, la crédibilité. Alors que la France a inventé le cinéma qu’elle s’est fait piquer par les Américains au lendemain du premier conflit mondial, elle a aujourd’hui un retard quasi irrattrapable en série, cet enfant du Cinéma et de la Télé.

Pourquoi, alors qu’on sait faire du cinéma et de la télé, ne sait-on pas faire de bonnes séries ?

Les nouvelles attentes des spectateurs

La France produit des séries depuis toujours, qu’on pense aux Saintes chéries ou à Magui (oui…même nous on en avait jamais entendu parler auparavant), ces feuilletons familiaux basés sur des scénarios divertissants et des acteurs populaires. Oui mais ça, c’était avant !

 

Aujourd’hui, le téléspectateur veut de la série de haut niveau bien jouée, bien ficelée, bien haletante. Et si la France a connu certains succès avec des productions légères du type Caméra Café, elle ne peut même pas s’aligner sur la ligne de départ de la finale du 100 mètres en série dramatique, celle qui passionne les publics du monde entier, qui se vend à prix d’or, et qui réhausse le prestige d’une télé tombée dans la fange de la pseudo-réalité et de l’info ronronnante.

Un manque de professionnels qualifiés et d’horizons différents

Souvent, quand la technique est bonne, ce sont les hommes ou les principes d’organisation qui ne le sont pas. Et inversement. Pour le dire plus prosaïquement, la télé française est de haute qualité technique, mais les hommes ne sont pas au niveau. Ils ont d’autres priorités que la qualité. Du fait que la caste des producteurs est très communautarisée en France, les auteurs vont logiquement dans le même sens souvent politique et proviennent du même milieu. En gros, on est de gauche, pro-sioniste, féministe et gay friendly (#CLICHÉÉÉ). On travaille donc entre  potes, qui savent très bien ce que ça recouvre.

Des budgets inégaux

De plus, ce qui différencie la série américaine réussie de la série française, c’est d’abord l’argent. On ne s’adresse pas avec les mêmes moyens à un public de 300 millions d’âmes avec une ouverture mondiale qu’à un public de 60 millions de personnes. L’échelle de production n’est pas la même : certains épisodes US approchent les 5 millions, soit le tarif moyen du long métrage français. Mais l’argument ne tient plus trop, car il y a des films français chers, voire très chers (200 millions pour le Valérian de Besson), et la plupart des séries « prestige » sont amorties grâce à l’exportation. Depuis, la tendance est à la série française exportable chère, avec cofinancement européen.

 

Il est à noter qu’une scène parfaite, aussi simple que symbolique, n’a pas besoin de beaucoup de dollars. Le critère financier n’est donc pas fondamental. De plus, une série avec un bon potentiel est un investissement. Et c’est cette prise de risque que les Américains ont l’habitude d’entretenir, à l’inverse des producteurs indépendants ou travaillant dans les chaînes en France. Chez nous, on n’a pas la culture de l’audace, on suit la tendance et on copie ce qui marche.

En conclusion 

On a donc moins d’argent, même si cela est en train d’évoluer, moins d’audace, et moins d’idées originales, ce qui est un pléonasme. Le syndrome de la série télé française se rapproche du syndrome Luc Besson au cinéma : pour ne pas perdre son investissement, ne faisant pas confiance à l’originalité ou au talent national, on est prêt à copier tout ce qui marche ou a marché aux États-Unis, et à proposer au grand public un patchwork composé de morceaux déjà vus ailleurs. Alors à l’heure où le public est de plus en plus cultivé, cinéphile, sériel et qu’on ne peut plus tromper comme on le trompait avant, qu’en est-il de l’avenir du cinéma français ?

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